Guy Rauzet nous a quittés
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- Guy Rauzet (1925-2017)
Guy Rauzet nous a quittés ce 18 mai 2017, il avait 91 ans.
Guy, le petit Guitou, était, dans son enfance, un gamin des rues de Bouzic, épris de liberté, fin observateur de son village et de la vie qui s’y déroulait, celle des années 30 dans la campagne périgourdine. Il a ensuite passé une bonne part de sa vie à Bordeaux où il tenait un café de quartier et est revenu à sa retraite à Bouzic, dans la maison de sa grand-mère. En passant dans le bourg de Bouzic, on ne pouvait pas le rater, on le voyait dans le village parlant avec l’un ou avec l’autre, prêt à renseigner en détails tout voyageur étonné de voir ce petit écrin qu’est Bouzic dans la vallée du Céou. Il faut dire que sa maison avait une localisation stratégique, au centre du bourg, près du pont, et, comme elle était jolie, beaucoup de monde s’arrêtait pour la regarder.
- La maison de Guy Rauzet, le long du Céou
- La tour au premier plan, est relativement récente. La maison de Guy, celle de sa grand-mère, est la maison au milieu de la photo, avec le petit pigeonnier.
Guy Rauzet était une figure attachante de Bouzic. Il adorait sont village natal et n’avait pas son pareil pour raconter des histoires du temps jadis. Avec lui, le Bouzic d’antan revivait d’une manière formidable. Comme il avait également la plume alerte, il a mis sur papier une partie des ces histoires dont certaines ont été publiées sur ce site (voir la rubrique "Les récits de Guy Rauzet"). Que ce soit l’évocation de personnages comme Lou Clau, Denise la priseuse, la bigote de Vivinières ou du pain ou du cantou, savoureuses, elles méritent d’être lues ou relues.
- Guy Rauzet, enfant
Guy est né à Bouzic en 1925. Il n’a pas connu sa maman qui est morte d’une méningite foudroyante alors qu’il avait 2 ans et demi. Son père qui travaillait chez les autres n’était pas souvent présent. Il a donc été élevé par sa grand-mère maternelle, Marie Grangier. Sa grand-mère avait eu 11 enfants dont 9 étaient encore en vie. Guy était donc de fait son petit dernier. Sa grand-mère habitait une jolie petite maison près du pont de Bouzic, qui sera toujours la maison de cœur de Guy.
Guitou était turbulent et espiègle, toujours prêt à faire une bêtise. Pourtant tous les Bouzicois étaient très gentils avec lui car c’était le "petit orphelin".
Pour Guy, être dehors, c’était le paradis et il connaissait chaque mètre carré du village de Bouzic. Il observait, il écoutait, il savait tout ce qui se passait dans le village. Au contraire de ses amis fils de paysans, il ne participait pas aux travaux des champs. Sa grand-mère, sa mémé, ne possédait quasiment pas de terrain en dehors de la maison. Elle n’avait aucune ressource, pas d’argent. Elle vivait de son métier de couturière, elle habillait les femmes paysannes des alentours et tricotait à longueur de journées et de soirées. Elle tricotait en particulier des bas avec la laine des moutons du pays. On ne la payait jamais avec de l’argent, on lui apportait des denrées alimentaires, pommes de terre, toutes sortes de légumes, de quoi faire de bonnes soupes. De la viande, rarement. Des restes de lapins ou de poulets déjà cuisinés. Par contre quand les paysans avaient tué le cochon ou les canards, les plats étaient plus abondants et c’était bombance. Mais la base, c’était quand même le pain. C’est cette vie-là qui a façonné notre Guy.
Guy Rauzet sur le pont de Bouzic en 1930. Sa mémé est en noir à côté du pêcheur.
Le 20 avril 1950, il épousât Marcelle Gouyou, de Castelnaud la Chapelle. Tout deux, ils sont partis à Bordeaux où ils ont fondé une famille. Toutes leurs vacances se passaient à Bouzic dans la maison familiale de Guy. Marcelle aussi avait la fibre écrivaine, quoique d’un autre style que Guy (voir la rubrique "Il était une fois par Marcelle Rauzet-Gouyou"). Marcelle nous a quitté début 2009. Ce fut un déchirement pour Guy.
Mais il a été bien entouré par sa famille, en particulier sa fille Hélène, son gendre Thierry et son petit-fils Baptiste, habitant également le bourg de Bouzic comme Pascal qui habitât aussi Bouzic avec son père pendant une période.
Guy aimait profondément les gens, sa passion était de raconter et d’échanger avec tous. Toujours un dicton bien pensé mais jamais un mauvais mot, jamais une critique envers qui que ce soit. Un véritable humaniste chez qui nous avons tous puisé un peu de sagesse.
- Guy raconte
Guy n’avait pas le talent de peintre de son épouse Marcelle, par contre il était capable de dessiner par coeur son village de Bouzic pour le plus grand bonheur de son petit fils Baptiste, médusé par la mémoire de ce trait assuré. Il a aussi couché régulièrement sur dans ses "cahiers d’écoliers" un grands nombre d’histoires qui réunies forment un véritable dictionnaire amoureux de Bouzic.
- Guy dessine
Guy l’orphelin avait une tendresse profonde pour son petit fils adopté Baptiste. Il l’a entouré de tout son amour dès sa première heure à Bouzic et s’en est occupé avec dévotion pendant des années, allant le chercher à l’école tous les jours et lui préparant de bons petits goûters avec le souvenir de ceux préparés jadis par sa Mémé.
Guy était mieux placé que quiconque quand il rappelait que ce sont les liens du coeur, et non ceux du sang, qui font de nous des pères et des fils, des mères et des filles, des grands parents et des petits enfants.
- Complicité avec Baptiste
Et n’oublions pas qu’il était le premier des "Galapians", terme occitan dont la traduction est "petit garçon espiègle", l’enfant que Guy était. Par ses souvenirs de jeux d’enfant, il est l’instigateur des Jeux du Céou. Avec son voisin et ami René Arguel, il a permis leur installation sous le pont de Bouzic qui, grâce à cette épreuve "bon enfant", retrouve un peu de son animation d’antan.
Et même sur son fauteuil, il n’aurait manqué pour rien au monde ce moment où les jeunes du pays viennent courir et animer les prés de Bouzic.
- Guy, le premier des galapians
Les obsèques civiles de Guy Rauzet auront lieu samedi 20 mai à 15h au cimetière de Bouzic.
Les visites ont lieu au dépositoire de l’Hôpital de Domme.
- Guy Rauzet chez lui